Quasi-usufruit : Comprendre les atouts et les risques de ce mécanisme patrimonial

24 Jan 2025 | Transmission du patrimoine, Démembrement de propriété

quasi-usufruit
Kévin LE CALVEZ - Président - Conseiller en Gestion de Patrimoine Associé

Kévin LE CALVEZ
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Le quasi-usufruit est un outil juridique et fiscal qui offre une grande flexibilité dans la gestion de certains biens, notamment les liquidités et les placements financiers. Ce mécanisme, issu du démembrement de propriété, est souvent utilisé dans un cadre successoral ou pour répondre à des besoins spécifiques de transmission patrimoniale.

📌 Le quasi-usufruit permet au bénéficiaire d’utiliser des biens consommables ou interchangeables (argent, placements financiers, etc.) librement, sous réserve de garantir aux nu-propriétaires la restitution d’une valeur équivalente à la fin de l’usufruit.

Que vous soyez un investisseur expérimenté ou un particulier souhaitant transmettre efficacement votre patrimoine, il est crucial de comprendre les enjeux de ce mécanisme.

Qu’est-ce que le quasi-usufruit ?

Le quasi-usufruit est une variante spécifique de l’usufruit, qui s’applique à des biens consommables ou interchangeables, définis comme fongibles par l’article 587 du Code civil. Contrairement à l’usufruit classique, où le bien doit être restitué en nature, le quasi-usufruit autorise son bénéficiaire à consommer ou utiliser librement les biens concernés, à condition de restituer une somme équivalente à leur valeur au terme de l’usufruit.

Exemples de biens soumis au quasi-usufruit

  • Argent liquide ou sommes déposées sur un compte bancaire
  • Placements financiers : actions, obligations, fonds monétaires
  • Produits consommables : une cave à vin ou des matières premières

💡 Particularité : Ce mécanisme est couramment utilisé dans les successions pour protéger le conjoint survivant tout en garantissant les droits des héritiers nus-propriétaires.

Pleine propriété, nue-propriété et usufruit : comprendre le démembrement

Pour bien saisir le concept de quasi-usufruit, il est essentiel de comprendre les notions de pleine propriété, nue-propriété et usufruit. Ces concepts sont à la base du démembrement de propriété, souvent utilisé en gestion patrimoniale.

Pleine propriété : une combinaison des trois droits fondamentaux

La pleine propriété d’un bien regroupe trois composantes juridiques :

  • Usus : le droit d’utiliser le bien (ex. : occuper un logement).
  • Fructus : le droit de percevoir les revenus du bien (ex. : loyers ou dividendes).
  • Abusus : le droit de disposer du bien, soit en le vendant, en le donnant ou en le transformant.

Démembrement de propriété : séparation des droits

Dans un démembrement, ces trois droits sont répartis entre deux parties :

  • L’usufruitier dispose de l’usus (usage) et du fructus (revenus).
  • Le nu-propriétaire conserve l’abusus (propriété des murs) et récupère les droits complets à l’expiration de l’usufruit.

💡 Exemple : Un parent peut céder la nue-propriété d’un bien immobilier à ses enfants tout en conservant l’usufruit. Cela permet de réduire les droits de donation tout en garantissant au parent la jouissance du bien et les revenus locatifs.

Particularité du quasi-usufruit

Dans le cas du quasi-usufruit, l’usufruitier a la pleine liberté de consommer les biens (comme de l’argent), à condition de restituer leur équivalent en valeur à la fin de l’usufruit. Le nu-propriétaire détient donc une créance de restitution.

Les différences entre quasi-usufruit légal et conventionnel

Le quasi-usufruit peut être constitué de deux manières principales, selon qu’il découle directement de la loi ou d’un accord entre les parties.

Quasi-usufruit légal

Le quasi-usufruit légal s’applique automatiquement dans certaines situations prévues par le Code civil, notamment :

  • Succession : Lorsqu’un conjoint survivant hérite de l’usufruit sur des liquidités ou des placements financiers, il peut utiliser ces fonds librement, tout en étant tenu de restituer leur valeur aux héritiers nus-propriétaires à son décès.

Quasi-usufruit conventionnel

Le quasi-usufruit conventionnel est formalisé par un accord entre les parties. Cet acte peut prévoir des clauses spécifiques, comme :

  • L’obligation de réinvestir les fonds (clause de remploi).
  • La mise en place de garanties (assurance ou hypothèque).
  • Une indexation de la créance de restitution pour préserver sa valeur dans le temps.

💡 Note pratique : Une convention de quasi-usufruit est fortement recommandée pour clarifier les droits et obligations de chaque partie.

Avantages et inconvénients du quasi-usufruit

✅ Avantages⚠️ Inconvénients
Flexibilité totale pour l’usufruitier : possibilité d’utiliser ou de consommer librement les biens (argent, placements financiers).Risque pour les nus-propriétaires : si les fonds sont mal gérés ou épuisés, les héritiers peuvent ne pas récupérer la totalité de la créance de restitution.
Optimisation fiscale : réduction de l’assiette taxable pour les donations et successions (droits calculés sur la nue-propriété).Obligation de restitution : le quasi-usufruitier doit garantir une restitution équivalente, ce qui peut nécessiter des garanties complexes (assurance, remploi).
Exclusion de l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) : les biens fongibles ne sont pas comptabilisés dans l’assiette de l’IFI du nu-propriétaire.Complexité juridique et fiscale : nécessite un encadrement précis pour éviter tout litige ou déséquilibre entre usufruitier et nus-propriétaires.
Protection du conjoint survivant : garantit un revenu ou une liquidité immédiate en cas de succession, tout en préservant les droits des héritiers.Gestion rigoureuse indispensable : des clauses précises doivent être établies pour sécuriser les intérêts des parties et éviter tout abus.
Transmission encadrée et souple : possibilité d’organiser une transmission progressive et adaptée aux besoins des bénéficiaires.Indexation à prévoir : sans clause d’indexation, la valeur de la créance de restitution peut être affectée par l’inflation ou des fluctuations économiques.

💡 Note pratique : Pour limiter les risques liés au quasi-usufruit, il est recommandé de formaliser une convention avec des clauses spécifiques (réinvestissement des fonds, garanties, indexation).

Exemple pratique : quasi-usufruit et succession

Prenons le cas de Jacques et Marie, mariés sous le régime de la communauté, avec deux enfants. Jacques décède, laissant :

  • Un compte bancaire de 150 000 €
  • Un portefeuille d’actions de 50 000 €

Mise en place du quasi-usufruit

Marie hérite de l’usufruit sur ces actifs. Elle peut utiliser les 200 000 € librement pour ses besoins ou les réinvestir.

Créance de restitution

À son décès, leurs enfants, nus-propriétaires, disposeront d’une créance de restitution équivalente à la valeur initiale des biens (200 000 €), à prélever sur la succession de Marie.

Comment établir une convention de quasi-usufruit ?

Une convention de quasi-usufruit est essentielle pour éviter tout litige et encadrer les obligations des parties. Voici les étapes clés :

  1. Identification des biens concernés
    Listez précisément les biens soumis au quasi-usufruit, comme les comptes bancaires ou les placements financiers.
  2. Évaluation de la valeur des biens
    Faites évaluer les biens conformément aux règles fiscales – article 669 du CGI.
  3. Rédaction de la convention
    Intégrez les clauses nécessaires :
  • Modalités de restitution (indexation, échéance).
  • Obligations de l’usufruitier (réinvestissement, garanties).
  1. Validation par acte notarié
    La convention doit être formalisée devant un notaire pour garantir sa légalité et sa validité.

Questions fréquentes sur le quasi-usufruit

Le quasi-usufruit peut-il être utilisé pour des biens immobiliers ?

Non, il s’applique uniquement à des biens consommables ou fongibles.

Quels sont les avantages fiscaux du quasi-usufruit ?

Il permet de réduire les droits de mutation et d’exclure certains biens de l’assiette de l’IFI.

Comment garantir la créance de restitution ?

La créance peut être garantie par une assurance vie ou un remploi des fonds dans des actifs durables.


Conclusion

Le quasi-usufruit est une solution patrimoniale souple et avantageuse, à condition d’être bien encadrée. Pour maximiser ses bénéfices et sécuriser les intérêts des parties, il est essentiel de se faire accompagner par un conseiller en gestion de patrimoine et un notaire.

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